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Extrait du Médium un jour, médium tous les jours, tome 2
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J’avais pris soin de placer de chaque côté du cercueil deux toiles que Maman avait peintes quelques années auparavant. Ce sont mes deux préférées! À la gauche était installée celle qui porte le nom de «La petite fille devant la porte», sur laquelle on aperçoit de dos une jeune fille cognant sur une porte blanche, son chien à ses côtés. Je trouvais qu’elle était tout à fait appropriée à l’expérience que nous avions vécue toutes les deux à la Grande Porte la préparant au grand départ.
Quant à elle, l’autre toile à droite représentait des montagnes enneigées, comme celles que j’allais redécouvrir dans peu de temps, dans les Himalayas, au nord de l’Inde. J’avais également pris soin de choisir quelques musiques préférées de Maman, dont celles de Frank Sinatra, de Dean Martin et de Nat King Cole, qui jouaient en sourdine tout le long de l’exposition du corps, moment où nous, les membres de la famille, accueillions les gens venus lui rendre un dernier hommage. L’ambiance de la salle était douce et réconfortante.
Quelques assiettes de fruits coupés, des bonbonnières remplies de gâteries et plusieurs biscuits faits maison complétaient le tout. Pour ceux qui me connaissent, j’aime bien offrir quelque chose à manger aux invités, même pendant les conférences et ateliers que je présente. Cette occasion n’allait pas être différente… (sourire). Nous nourrissons à la fois l’âme et le corps, c’est pour moi une priorité.
Le moment de la célébration étant arrivé, nous étions tous réunis, amis et quelques membres de la famille, tout près du cercueil, pour une cérémonie offerte en toute intimité. C’est la chanson «Smile» de Nat King Cole qui donna le ton à cette célébration, avec ses paroles inspirantes pour l’occasion.
Paroles et traduction de la chanson «Smile»
Musique : Charlie Chaplin – Paroles: John Turner et Geoffrey Parsons.
Smile though your heart is aching
Souris, même si ton cœur saigne
Smile even though it’s breaking
Souris, même s’il se brise
When there are clouds in the sky you’ll get by
Quand il y a des nuages dans le ciel, tu t’en remettras
If you smile through your fear and sorrow
Si tu souris malgré ta peur et ton chagrin
Smile and maybe tomorrow
Souris et peut-être que demain
You’ll see the sun come shining through
Tu verras le soleil briller à travers toi
For you
Pour toi
Light up your face with gladness
Éclaire ton visage de joie, d’allégresse
Hide every trace of sadness
Cache toute trace de tristesse
Although a tear maybe ever so near
Même si une larme peut toujours couler
That’s the time you must keep on trying
C’est le moment où tu dois continuer d’essayer
Smile, what’s the use of crying
Souris, à quoi bon pleurer?
You’ll find that life is still worthwhile
Tu vas te rendre compte que la vie vaut encore la joie d’être vécue
If you just smile
Simplement, si tu souris
That’s the time you must keep on trying
C’est le moment où tu dois continuer d’essayer
Smile what’s the use of crying
Souris, à quoi bon pleurer?
You’ll find that life is still worthwhile
Tu vas te rendre compte que la vie vaut encore la joie d’être vécue
If you just smile
Si simplement tu souris
Puis après quelques paroles improvisées par monsieur le curé, voilà que j’étais invitée à lire l’homélie adressée à Maman (ou plutôt l’homélie de Maman s’adressant à l’audience – sourire).
Je pris le temps de me centrer et avec de la douceur dans la voix, je m’assurai que je livrais avec hommage et amour le texte que Maman m’avait si précieusement offert par écriture intuitive. Ce n’est qu’à la toute fin, au moment où Maman dit au revoir que ma voix craqua un peu sous le coup de l’émotion. Je savais qu’elle était fière d’avoir été entendue…
Retournant m’asseoir aux côté de mon conjoint, j’entendis monsieur le curé s’adresser ainsi: «C’est la première fois de ma carrière que je suis témoin d’un tel hommage. Félicitations à vous madame! À certains moments, j’avais l’impression que c’était madame Cardinal qui lisait le texte». Quelques amis dans la salle et moi, nous nous sommes permis un petit sourire aux lèvres. NOUS, nous savions que c’était elle qui l’avait écrit! Mais cela demeura un secret entre nous…
Par la suite, c’est mon amie Carole qui, avec sa voix d’or, offrit le chant «Ave Maria», accompagnée d’une autre bonne amie, Marie-Hélène, avec des doigts de fée magiques au piano et au violon. Quelques larmes roulaient sur nos joues. Avouons que ce sont toujours des moments remplis d’amour et de charme. Merci les filles pour votre magnifique don musical ! Notre cœur était rempli de gratitude et de reconnaissance envers vous. Vous avez su nous faire vivre des moments magiques!
Pour compléter la cérémonie d’adieu, nous avons tous été invités à faire un geste de la main en touchant le cercueil, un à la suite de l’autre, histoire de souhaiter «bon voyage» à Aline, sur une de nos chansons préférées à Maman et à moi «C’est beau la vie» de Jean Ferrat. Un autre beau moment charmant que nous avons vécus tous ensemble!
Paroles de la chanson «C’est beau la vie»
C. Delecluse / M. Senlis – Musique: Jean Ferrat
Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l’horizon
Quelques mots d’une chanson
Que c’est beau, c’est beau la vie
Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par-dessus tout
Que c’est beau, c’est beau la vie.
Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j’ai cru trop vite
À jamais perdu pour moi
Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c’est beau, c’est beau la vie.
Le jazz ouvert dans la nuit
Sa trompette qui nous suit
Dans une rue de Paris
Que c’est beau, c’est beau la vie.
La rouge fleur éclatée
D’un néon qui fait trembler
Nos deux ombres étonnées
Que c’est beau, c’est beau la vie.
Tout ce que j’ai failli perdre
Tout ce qui m’est redonné
Aujourd’hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée
Pouvoir encore partager
Ma jeunesse, mes idées
Avec l’amour retrouvé
Que c’est beau, c’est beau la vie.
Pouvoir encore te parler
Pouvoir encore t’embrasser
Te le dire et le chanter
Oui c’est beau, c’est beau la vie.
Une fois la cérémonie complétée et les aurevoirs adressés à tous ceux qui étaient présents, nous avons ramassé ce que nous avions apporté pour l’occasion. Il ne restait qu’une seule chose à faire : offrir les fleurs aux personnes concernées, soit celles qui s’étaient occupées des chansons et de la musique. J’avais préparé quelques bouquets que j’avais déposés dans un vase de cristal que Maman affectionnait particulièrement. D’ailleurs, nous savons tous que Maman était une fanatique de tout objet en cristal. Chaque pièce de sa collection représentait pour elle un chef-d’œuvre et elle en avait pris grand soin tout au long de sa vie, avec un soin jaloux, je dirais même.
Au moment où nous offrions le dernier bouquet de fleurs, et que Denis déposait gentiment le vase dans un sac, un vacarme se fit entendre. Le vase en touchant le sol a éclaté en milliers de petits morceaux de cristal.
C’en était fait du vase. Lui aussi avait fini sa vie. Je vis dans ce signe un heureux présage. Maman était heureuse et elle nous le démontrait par son détachement face à cet objet qui lui était si précieux.
Nous avions rendez-vous le lendemain pour la mise en terre du cercueil. Une longue journée nous attendait encore une fois.
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